Page:Daveluy - Le filleul du roi Grolo, 1924.djvu/31

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bant sur ses oreillers, ne pars pas avec la vision de mon désespoir. Je ne veux t’enlever aucune de tes énergies. Tu en auras bien besoin, va, dans quelque temps. Oh ! oui, bien besoin. Un songe est venu tout à l’heure me faire voir des événements… » Il s’interrompit, fatigué, haletant.

« Ne parle pas, Blaise. Vois dans quel état tu te mets.

Blaise pressa la main de Jean, puis, bientôt, reprit : « Il faut que tu saches… au moins… ceci. Frère,… tu triompheras en dépit de tous les obstacles… Tu triompheras, m’entends-tu ?… Ah ! la belle victoire… qui t’attend, mon Jean !… Mais », et sa voix s’éteignit, « mais je ne serai pas là… pour en jouir…

— Que dis-tu, Blaise ? Tu vas guérir, au contraire.

— Non. Je ne survivrai pas… au chagrin… que me cause ton départ… je le sais. Ne te l’ai-je pas dit souvent ?… » Puis voyant des larmes jaillir des yeux de Jean : « Pourquoi pleures-tu, Jean… Je te verrai de là-haut… Je veillerai sur toi… Et je serai heureux, enfin, moi aussi… Je vous attendrai… au ciel.

— Et notre mère », reprit Jean tout bas ?

L’infirme tressaillit. « J’essaierai aussi de consoler mère, continua-t-il avec ferveur.