Page:Daveluy - Le filleul du roi Grolo, 1924.djvu/53

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« Jean, commença le treizième petit vieux, perché à ses côtés, le roi des gnomes dont nous sommes les humbles serviteurs, nous dépêchent vers toi. Il trouvera son bon plaisir à te secourir si tu consens à nous suivre. Par sa bouche, nous avons appris dans quel lamentable guet-apens t’a fait tomber un seigneur cupide. Nous avons frémi d’une juste colère en écoutant le récit de notre roi… N’est-ce pas, frères, fit-il en s’adressant à ses compagnons, qu’il en a bien été ainsi, et que nous avons tous juré de relever le courage du jeune bûcheron ».

Les douze petits vieux opinèrent de la tête en sautillant, puis tendirent les mains vers Jean en criant de leurs voix aiguës : « Oui, oui, oui, viens avec nous, Jean ».

Jean les regardait, étonné. « Pourquoi, messeigneurs-gnomes, demanda-t-il, avez-vous tant de sympathie pour mon infortune ? Vous ne me connaissez pas. Votre roi, en me voyant, se détournera bien vite, allez, d’un pauvre gueux tel que moi.

— Tu te trompes, enfant reprit le gnome, voisin de Jean, l’orateur du groupe. Notre roi te connaît, comme il connaît ton cupide agresseur, comme il connaît le mauvais génie inspirateur de cet homme. Notre roi est de plus un ami de Grolo-le-bon. Il voudrait par ton entremise le tirer du mauvais pas où le place ton manque d’obéissance. Hélas, il y faudra du temps maintenant… Mais qu’importe, si la victoire finale est à toi. Comme tu le vois Jean, les gnomes savent tout ce qui se passe chez les humains. Ah ! des vieillards comme nous, ont tôt fait, va, de reconnaître les victimes véritables : celles qui ignorent encore les perfidies et les ruses des cœurs méchants ; celles surtout qui ne savent point que les loups ravisseurs, avant l’attaque, se vêtent de peaux de brebis. Jean c’est notre privilège, vois-