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Page:Daveluy - Le filleul du roi Grolo, 1924.djvu/56

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ne peux retourner auprès des tiens, dépouillé et vaincu. Tu n’oserais non plus te présenter auprès de Grolo-le-bon sans la lettre et la montre enchantée ?

— C’est vrai tout cela, admit le pauvre Jean qui hésitait encore. Enfin, il releva la tête et d’une voix ferme : « Messeigneurs-gnomes, je me mets à votre disposition. Faites de moi ce qu’il vous plaira. »

Un voile s’abattit aussitôt sur sa tête. Il se sentit saisi, lié doucement, puis déposé sur un brancard. Une lente randonnée à travers la forêt commença. De temps à autre, un appel flûté, léger, très mélodieux était lancé, et il semblait alors à Jean que les pas minuscules se faisaient plus nombreux autour de lui. La marche des porteurs devenait moins pénible et plus rapide. On venait sans doute à l’aide.

Soudain Jean frissonna. Un air très frais l’enveloppait Tout bruit résonnait près de lui longuement, sourdement. Il fut secoué tantôt à droite, tantôt à gauche. Des portes battirent. Subitement, ses porteurs s’arrêtèrent. Quels chuchotements s’entendirent près de lui ! Quel va et vient continu ! Une voix musicale s’éleva enfin tandis qu’il se faisait partout un intense silence. La voix disait : « Mes gnomes fidèles, avez-vous rempli avec succès votre mission ? » Et Jean reconnut dans la voix joyeuse, quoique respectueuse, qui répondit à cette question, celle du gnome, son voisin de la forêt. Il apprenait : « Ô majesté très chère, nous apportons auprès de vous, de la jeunesse, beaucoup de vigueur, un peu de beauté que vous affinerez et ferez resplendir comme le diamant. Voyez, Sire !… »

Et Jean, qu’on libéra en un clin d’œil de ses liens, se leva. Conduit par plusieurs gnomes, en riches livrées blanches et or, il vint s’agenouiller au pied d’un trône