Page:Daveluy - Le filleul du roi Grolo, 1924.djvu/55

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Jean hochait la tête, toujours peu convaincu. Ces petits êtres décrépits et tremblants le faisaient sourire, quoi qu’il en fût. « Vous parlez bien, seigneur-gnome, dit-il, et j’ai plaisir à entendre votre voix réconfortante. Mais… vous ne pouvez rien, pour moi, vous dis-je, rien. Abandonnez-moi.

« Jean, je crois que tu es un peu entêté, répartit avec douceur le gnome. C’est dommage. »

Un profond silence suivit ce léger reproche. Jean eut peur vraiment d’avoir blessé ces charitables petits vieillards. Il se hâta de s’excuser, se tenant debout, par déférence.

« Messeigneurs-gnomes, dit-il avec dignité, veuillez croire que je suis reconnaissant de vos bons offices. Et même croyez bien, si je savais la chose possible, que je consentirais à échanger un peu de ma jeunesse contre un peu de votre clairvoyance. La force sans la sagesse, je viens de l’apprendre durement, conduit aux pires extrémités. » La figure du gnome, toujours assis près du jeune bûcheron, rayonna. Ses compagnons se rapprochèrent de Jean, en faisant entendre un murmure approbateur.

« Jean, oh ! Jean, dit lentement le gnome-orateur, es-tu sincère ? Nous donneras-tu réellement ce que tu viens de dire ? Réfléchis bien, Jean, réfléchis bien !

— Jean, Jean, chantèrent les autres petits gnomes en tournant autour du bûcheron qu’ils serraient de près, es-tu sincère ? Réfléchis bien, réfléchis bien. »

Jean se redressa fièrement. « Si je n’eusse été sincère, messeigneurs-gnomes, lança-t-il, je me serais tu, tout simplement.

— Alors, Jean,… tu nous suivrais volontiers ? reprit le gnome qui grimpait rapidement sur un arbre, en agitant un mignon soufflet d’argent.

« Qu’as-tu d’ailleurs à perdre, mon pauvre enfant ? Tu