Page:Daveluy - Le filleul du roi Grolo, 1924.djvu/69

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

du de leur vigueur. Il était d’une taille élevée, souple et svelte. Ses traits s’étaient affinés : ses yeux noirs, pleins de feu, rayonnaient d’intelligence. Et quelles belles boucles brunes encadraient sa charmante figure ?… Les gnomes l’observaient souvent à son insu. Ils se réjouissaient de sa fière beauté, de sa robustesse qui n’excluait pas la grâce et la dignité dans les mouvements. Ses professeurs d’escrime, de politesse et de peinture se montraient particulièrement enthousiastes. Ils discouraient sans fin sur le mérite, l’endurance, l’adresse, la puissance de Jean au travail. Ils avaient une façon comique de gonfler leurs petites poitrines et d’arrondir la bouche pour dire : « Jean, notre cher élève ! » Cela aurait fort diverti un spectateur étranger.

Et cependant, malgré l’affection et le dévouement des gnomes, Jean n’était pas heureux. L’ennui mordait de plus en plus à son cœur, à son esprit, à son être tout entier. La monotonie de son existence le déprimait jusqu’au dégoût. Il se jetait souvent morne et désolé, sur son divan. Les yeux fixés aux voûtes grises du souterrain, il rêvait mélancoliquement, des heures et des heures. Il regrettait, il appelait ce dont il était privé. Il avait la hantise du soleil, de la forêt ombreuse et chantante, des bruits, cristallins des sources courant sous les herbes penchées, de la maison de son père où tant de cœurs affec-