Page:Daveluy - Le filleul du roi Grolo, 1924.djvu/68

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Maître, pourquoi chercher ailleurs que dans ce tableau le remède à ma fougue naturelle que vous me reprochez sans cesse. Le souvenir de Blaise met une paix profonde dans mon âme,… quoiqu’il la blesse aussi parfois, finit Jean avec un soupir.

— Pourquoi cela, mon fils ?

— Parce que, au moment où je vous parle, les yeux tendres de mon frère se sont fermés pour toujours.

— Tu en es sûr, Jean ?

— Hélas !

Les yeux du gnome clignèrent. Sa bouche s’entr’ouvrit. Mais ce fut tout. Le compatissant petit vieillard voulait-il apprendre quelque chose de réconfortant ?… Et en avait-il promis le secret ?… L’exil de Jean, sans doute, devait être sans compensation ni adoucissement d’aucune sorte. Les jeux de physionomie du gnome échappèrent à Jean qui contemplait son frère avec une avidité douloureuse.


CHAPITRE V

LE PROFESSEUR INCONNU


Deux ans s’écoulèrent. Jean avait maintenant surmonté la plupart des difficultés. Son esprit avait acquis beaucoup de connaissances, un peu de sagesse. Elle lui était bien utile pour équilibrer les surprises de sa nature ardente, prompte à s’offenser et à réclamer justice, Son corps s’était aussi développé de façon merveilleuse. Les muscles du jeune bûcheron, en s’assouplissant, n’avaient rien per-