Page:Daveluy - Le filleul du roi Grolo, 1924.djvu/71

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n’aurais pas dû enfermer ainsi en ton âme une plaie vive, dont le poison subtil est fatal parfois. L’ennui est un mal profond, vois-tu, tenace et combien sournois. Que de belles âmes y ont succombé !!… Elles ont ensuite fait du trésor de la vie une chose vide, inutile, consacrée à des puérilités dorées ou à d’égoïstes projets.

— Cher maître, soupira Jean, j’aurais craint de paraître ingrat en vous confiant mon mal. Et d’ailleurs qu’y pouviez-vous ? Votre roi sagace a prédit qu’un tel fardeau m’écrasera l’âme. L’heure en est venue, voilà tout. »

Et Jean, penchant la tête, reprit sa morne attitude. Le gnome ne se découragea point. Il s’assit aux pieds de Jean qui avait repris sa place habituelle sur le divan moelleux, garni de coussins d’Orient. Il parla longuement, doucement, avec cette heureuse facilité qui en faisait un orateur persuasif et charmant. Il fit voir tout le danger de cette impatience qu’éprouvait sa jeunesse. Car ce n’était que cela après tout. Jean aspirait trop tôt au change-