Page:Daveluy - Le mariage de Josephte Précourt, paru dans Oiseau Bleu, 1939-1940.djvu/107

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bleus de la fillette de seize ans la même lueur fulgurante que jadis dans les yeux noirs d’Olivier. Et le pacte avait été respecté, de part et d’autre… Jamais plus le nom de Michel n’était prononcé entre elles… Toutes deux n’y pensaient que trop, hélas ! et l’ombre de mélancolie qui voilait le regard de la jeune fille, et en constituait le charme, n’expliquait que trop cette résistance de l’âme à oublier, à chasser les sombres réminiscences d’un autrefois tragique.

Six heures sonnaient à la vieille et haute horloge du corridor des Précourt par cette fin d’après-midi de septembre. Le soleil, au dehors, disparaissait à l’horizon, et un vent frais s’élevait. Mathilde Précourt, qui se promenait au jardin, frissonna, rajusta mieux sa mante de laine et hâta le pas. Elle vînt s’appuyer sur la clôture en fer forgé qui entourait la propriété. Elle avait entendu s’approcher une voiture. Bientôt, en effet, celle-ci s’arrêtait et Josephte en descendait légère, gracieuse, toute de blanc habillée et coiffée d’une large capeline garnie de roses blanches. Dans sa main, elle tenait un assez lourd courrier, composé de revues, de journaux, d’un petit colis, et de plusieurs lettres.

— Enfin, te voilà, Josephte. Je commençais