Page:Daveluy - Le mariage de Josephte Précourt, paru dans Oiseau Bleu, 1939-1940.djvu/12

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dans la grande ville américaine, sous l’œil complaisant de Rodolphe Des Rivières. Hélas ! la maladie emportait bientôt dans la tombe son protecteur. Sur son lit de mort, celui-ci adjurait Michel d’ajouter à son nom celui de sa mère, le sien par conséquent. Puis il retournerait au Canada, n’est-ce pas ? Un bel avenir l’y attendait. Peut-être y vivrait-il de nouveau dans l’atmosphère de son ancienne petite amie Josephte ? Michel mettrait bien un jour sa fierté dans sa poche et laisserait parler son cœur… « Oui, avait conclu avec peine son parent, tu feras amende honorable, Michel… car c’est toi qui as cessé toutes relations avec cette compagne de ton enfance… Ces prétextes que tu es un inconnu, un orphelin élevé par deux bienfaiteurs trop charitables, que tu es pauvre, sans brillant avenir… tomberont, va, sous le regard affectueux d’une belle enfant de dix-huit ans… Crois-moi, Michel, retourne au Canada… Tiens, je vais écrire deux lettres… brèves, hélas ! à des amis de Montréal… à ton sujet… à Nelson, d’abord… puis à ce brave ami de Saint-Antoine, Georges-Étienne Cartier… L’un ou l’autre t’accordera bien quelque protection et te présentera dans un bureau d’avocat… Promets que tu m’obéiras en tous points, Michel… Promets ! » Et Michel avait promis à son parent, Rodolphe Des Rivières, comme il avait promis jadis à Olivier Précourt. Oui, il porterait désormais le