Page:Daveluy - Le mariage de Josephte Précourt, paru dans Oiseau Bleu, 1939-1940.djvu/122

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cocher. Il voulait s’écarter de la voiture… Tu me connais, Josephte. Je fis une scène terrible à ce Michel trop discret. Je défendis au cocher de faire avancer même d’un pas son cheval, sinon, je me jetterais en bas de la voiture. Bref, M. DesRivières-Authier dut monter dans la voiture et promettre de ne me laisser qu’une fois installée dans un fauteuil du salon chez nous. « Je ne veux plus que ce cocher me touche, murmurai-je encore, avec ses mouvements brusques, il m’a fait souffrir terriblement tout à l’heure ». J’exagérais, très hypocritement, mais j’aurais inventé n’importe quel mensonge afin de parvenir à mes fins… qui était de nouer quelques relations avec le clerc farouche de M. Berthelot, au nez de mes amies et même de Blanchette, qui roulait des yeux mécontents en face de mes pseudo-gémissements.

À la maison, papa et maman, qui jouaient tranquillement aux échecs, au salon, demeurèrent interdits à notre entrée. Puis, les questions de maman commencèrent. Je riais sous cape, car je voyais mon sauveur se troubler, et surtout lutter contre le désir de s’enfuir au plus tôt. Mais allez donc désobéir à maman quand elle a décidé quelque chose. « M. DesRivières prendrait, certes, le souper avec nous, puis la remplacerait auprès de mon père à l’échiquier. » Et M. Authier n’avait-il pas eu l’imprudence de déclarer qu’il connaissait très bien ce jeu ? Tout se passa donc à ma