Page:Daveluy - Le mariage de Josephte Précourt, paru dans Oiseau Bleu, 1939-1940.djvu/125

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qu’il n’aimait vraiment que lui. Il me donna jadis sa pitié, son affection pour l’amour d’Olivier… Car comment expliquer autrement l’indifférence, puis le parfait oubli qu’il me témoigne ? « Oh ! Michel, Michel, pourquoi n’ai-je pas, à ton exemple, rejeté tous les souvenirs émouvants de ma petite jeunesse ? Sans doute, nos cœurs sont différents… Je ne puis, moi, chasser de mon esprit la bonté fraternelle si parfaite que tu me portas si longtemps… Mais pourquoi es-tu revenu ?… Je pensais moins à toi depuis quelques mois… Mon mal s’engourdissait… Mon Dieu, reprenait intérieurement la jeune fille… Que vais-je devenir ? Je rencontrerai Michel à chaque instant, soit dans la rue, soit dans les salons, partout, partout, sauf… dans mon salon ! Hélène le dit beau, intelligent, charmant… triste aussi ! Pourquoi ?… Il aime peut-être une belle Américaine qu’il doit fuir… Oui, c’est le motif qu’a dû invoquer le bon Rodolphe DesRivières pour exiger un voyage au Canada qui guérirait Michel de sa peine… Et voici qu’Hélène le trouve à son goût… Pourtant, Michel ne saurait se plaire dans la société de cette âme un peu futile… Hélène est jolie, par ailleurs, et si amusante, si vivante… »

Lentement, Josephte se leva, puis se débarrassa de ses vêtements de sortie et de toute sa toilette du jour. Elle revêtit une robe de