Page:Daveluy - Le mariage de Josephte Précourt, paru dans Oiseau Bleu, 1939-1940.djvu/272

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Josephte, de son côté, avait remonté lentement, et même avec quelques pauses, l’escalier qui la conduisait chez elle. Son esprit était bouleversé, son cœur, en feu. Son geste d’il y avait une heure à peine, et qui la liait pour la vie à Jules Paulet, lui semblait irréel, quelque chose d’énorme, de dramatique, qui tenait un peu du cauchemar et dont elle allait se réveiller. Sans doute, Jules Paulet lui inspirait de l’affection. Elle le savait sincèrement épris. Elle avait et garderait toujours sur son esprit un empire certain. Oui, elle serait heureuse à ses côtés, elle le serait si… Mais, arrivé à ce point de ses réflexions, la jeune fille se refusait à poursuivre tout raisonnement. Un tableau torturant se levait. Michel, ce n’était pas possible, Michel l’avait donc oubliée au point de s’attacher avec quelle douceur rapide à Blanchette Paulet. Si on lui avait rapporté la scène de tout à l’heure à la bibliothèque, elle l’aurait niée avec une sorte d’indignation. Hélas ! elle avait vu… Les yeux expressifs de Michel s’étaient posés, avec quelle mélancolie sur ceux d’une jeune fille dont il baisait la main. Et elle ? Comme sa tête se penchait avec tendresse vers lui… Quelle fin brutale, presque vulgaire, se disait