Page:Daveluy - Le mariage de Josephte Précourt, paru dans Oiseau Bleu, 1939-1940.djvu/28

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lui-même précisément contre cette obligeance qu’on vantait et qui venait de lui faire commettre une imprudence, il n’y avait pas à dire. Ah ! il s’y entendait bien vraiment à faire le mystérieux ! Il se rassura néanmoins. Demain, étant un dimanche, il irait à la première messe, trop matinale pour que s’y rendent les personnes qui habitaient loin du village. Puis, sa visite au tombeau se ferait à l’heure du dîner. Aussitôt après, il se rendrait au presbytère causer avec M. le curé. Il s’éclipserait ensuite jusqu’à la nuit. À trois heures du matin, il serait en route pour Montréal… Oui, tout était bien tracé comme programme et l’envelopperait suffisamment de silence et d’ombre. Mais comme le cœur de Michel se sentait triste, triste à mourir, à cause de toutes ces précautions qu’il prenait pour ne pas revoir Josephte. Quelle misère !… Il fuyait la Josephte de son enfance, de son enfance si tragique, dure et qui eût été sans soleil sans l’affection vive, ardente, de la petite fille aux yeux bleus qui mettait sans cesse avec tant de confiance émouvante, sa main dans la sienne. L’oublier ? Oublier Josephte ? Jamais, il ne le pourrait. Il ne le voulait pas, du reste… Seulement, il comprenait quelle distance les cruelles contingences sociales mettaient aujourd’hui entre Michel Des Rivières Authier, pauvre petit inconnu et la « belle et riche héritière,