Page:Daveluy - Le mariage de Josephte Précourt, paru dans Oiseau Bleu, 1939-1940.djvu/39

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— Hé ! hé ! mon jeune ami, s’exclama le capitaine, ça vous va cette casquette… Mais elle vous change… Si vous avez quelque vilain coup à faire…

Et le capitaine, de nouveau, éclata d’un bon rire. Michel s’amusait toujours de son côté, mais les dernières paroles du capitaine le rendirent soudain préoccupé, presque soucieux. « Ça vous change, disait le capitaine… Si vous aviez quelque mauvais coup à faire »…

Quelle émotion ressentit le jeune homme durant la messe ! Il retrouvait toutes ses impressions d’enfant dans l’atmosphère de ferveur liturgique de cette église de village. La piété grave des cultivateurs aux visages brûlés de soleil, aux rides précoces, l’émouvait par sa sincérité. On priait avec confiance le Dieu des moissons, celui qui préside aux bons comme aux mauvais jours, aux jours d’orages qui épurent et rafraîchissent, comme à ceux où la chaleur trop brûlante dessèche et flétrit les fruits de la terre. Peu de femmes assistaient à cet office matinal. Elles se réservaient pour la grand’messe, aimant les belles cérémonies où l’on venait vêtu de ses meilleurs atours. Jeunes gens et jeunes filles se relayaient, eux, à la ferme paternelle, afin de favoriser les parents en ces beaux dimanches de l’été. On se reprendrait aux vêpres, dans l’après-midi. Puis, à la sortie de l’église, les amoureux ne manqueraient pas