pour la promenade qui suivrait.
Michel s’étonna de ne pas voir le curé Demers. Avait-il donc changé de cure ? Était-il mort ? L’autorité physique de M. Demers l’avait frappé autrefois, alors qu’il lui avait fallu tenir tête à certains patriotes que les événements surexcitaient et se portaient à des actes regrettables. Puis, quelle droiture d’esprit dans ce prêtre à l’apparence austère, mais qui savait être bon et miséricordieux quand un principe n’était plus en jeu.
Au sortir de l’église, quelques anciens regardèrent avec attention le jeune homme. « Quel était cet étranger ? Un fils de la place ? » semblaient demander ces yeux qui interrogeaient. Michel s’empressa de fuir par un chemin détourné, afin de ne pas être reconnu par quelques-uns à la mémoire fidèle. Il retrouvait vite, pour sa part, Joseph Bonin, devenu professeur d’école, car il était entouré d’enfants ; Louis Pagé, le patriote, droit et vaillant comme jamais, avec son fils, Henri, auprès de lui ; puis, quelques élèves du collège de Saint-Hyacinthe, en vacances sans doute, et reconnaissables à leurs uniformes. Michel regardait ces jeunes gens, qu’il avait connus enfants : il pouvait nommer sans sourciller, parmi eux : Arthur Mignault, Amédée Larue, Paul Girouard.