Page:Daveluy - Le mariage de Josephte Précourt, paru dans Oiseau Bleu, 1939-1940.djvu/69

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Lambert, il leva inconsciemment la tête. Toutes les persiennes étaient closes. Donc, ni Madame Précourt, ni Josephte n’assisteraient à la grande cérémonie de l’après-midi. Le front de Michel s’assombrit de nouveau. Il redoutait et désirait à la fois la venue de Josephte à Montréal. Que ferait-elle lorsqu’elle apprendrait, si elle ne le savait déjà, son arrivée au Canada, que ferait-elle en face de ces deux faits : la présence de Michel à la ville, et la possibilité de rencontres fréquentes entre eux dans la rue, à l’église ou en tant d’autres endroits. Le croiserait-elle sans le reconnaître, sa petite amie, ou sans paraître le reconnaître ? Cette dernière attitude, si Josephte l’adoptait, lui ferait du mal sans doute ; mais, il le supporterait stoïquement et se mettrait, par la suite, à aimer la jeune fille, un peu comme l’on aime quelque belle étoile inaccessible, appartenant à des régions où l’on ne saurait jamais pénétrer. Puis, malgré lui, et à distance, il la garderait de certains dangers.

En entrant à la pension, Madame Giroux vint au-devant de Michel.

— M. Authier, dit-elle, quelqu’un vous attend dans votre chambre. Je me suis permis de l’y conduire. C’est votre patron, M. Berthelot, je crois.

— Bien, Madame. Mais je vous prierai, à