Page:Daveluy - Le mariage de Josephte Précourt, paru dans Oiseau Bleu, 1939-1940.djvu/76

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monopolisait-il pas la conquête ?… Non, tôt ou tard, hélas ! il lui faudrait réintégrer son pays américain et tenter d’oublier tout ce passé qui aurait fait à la fois le bonheur et le malheur de sa vie. Durant un an ou deux, cependant, il voulait demeurer au Canada, coûte que coûte. Il y revivrait tous ces beaux souvenirs, il reverrait quelquefois, au moins, sa petite compagne des heures tragiques de l’Insurrection. Elle comprendrait le besoin de son cœur qui se souvenait et ne consentait pas à faire fi de la reconnaissance. Elle le recevrait avec bonté, lui sourirait, lui donnerait le courage de vivre une vie digne de ses protecteurs de jadis… Soudain, Michel sentit sur sa main une larme très chaude. Son émotion devenait par trop intense. Il fallait la secouer. Oui, après le repas du midi, il sortirait et, malgré la chaleur, entreprendrait une longue marche du côté de Lachine. Au retour, il se glisserait dans la foule et assisterait aussi à la bénédiction du gros bourdon de Notre-Dame.

Il était près de quatre heures lorsque Michel, enfin de retour de sa marche, atteignit avec peine les premiers rangs de la foule, très dense, qui regardait la cérémonie du baptême de la cloche. Il se trouvait debout, en face du vieux séminaire et à quelques pas d’invités distingués occupant les dernières chaises placées sur le parvis de l’église. Il entendit soudain, près de