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Les aventures de Perrine et de Charlot

habitants d’Offranville. On s’était réuni chez le curé et le notaire avait été prié de tenter des recherches concernant la famille du père ou de la mère des petits. Ces démarches avaient réussi. L’on avait appris qu’une vieille tante, fort riche, habitait Dieppe. Elle répondit favorablement à la lettre du notaire, mettant comme condition, si elle se chargeait de l’avenir des enfants que, d’abord, on les conduirait près d’elle ; puis, qu’elle aurait toute liberté de les élever à sa guise. Le notaire, sur les conseils du curé, accepta, et promit de les amener lui-même, à Dieppe, très prochainement. Perrine et Charlot devaient donc dans la journée du lendemain quitter la maison d’Offranville.

Or, Perrine se rappelle fort bien cette vieille tante, veuve depuis plusieurs années. Elle est d’un caractère acariâtre, dur, impitoyable aux petites faiblesses, très avare. Elle hait les enfants. Ne lui rappellent-ils pas un fils idolâtré, mort à l’âge de six ans ? Le chagrin lui a perverti le cœur.

Perrine tressaille. Six ans ! L’âge de Charlot ! Alors elle le fera peut-être souffrir le cher petit ?…

Que faire, que faire ?… De plus, Perrine sait que cette parente ne pouvait souffrir sa mère. Tout simplement parce qu’elle n’avait pas apporté d’argent dans sa corbeille de noces. La tante ne pardonnait pas au fils de sa sœur, d’avoir épousé « une pauvre gueuse, » disait-elle sans pitié. Elle avait rêvé d’un si beau mariage pour son neveu, d’une riche héritière. Et peu importe qu’il l’aimât ou non. Plus tard, elle avait refusé de recevoir le jeune couple… « vêtu trop sordidement, avait-elle déclaré en ricanant, pour ses salons, et les invités qu’elle y recevait. » — Mon Dieu, mon Dieu, re-