Page:Daveluy - Les aventures de Perrine et de Charlot, 1923.djvu/14

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
14
Les aventures de Perrine et de Charlot

perrine

Oh ! Charlot, comme tu es gourmand !

charlot, habilement.

Vois-tu, Perrine, j’aime M. le curé avec ses beaux cheveux blancs et ses yeux qui rient ! Alors, j’aime tout ce qui lui appartient. Les confitures du presbytère aussi.

perrine, candide.

Tu as raison, va, de parler ainsi. Qu’il est bon M. le curé ! Allons, viens, nous irons le voir une dernière fois au retour de la promenade. Nous en serons loin demain !

Quelques minutes plus tard les deux enfants s’engagent, la main dans la main, dans le bois frais et fleuri. Le printemps, hâtif, le pare de mille charmes. Les arbres, rangés en files serrées, s’inclinent sous la brise. L’herbe fine et drue, d’un vert pâle très doux, est garnie de primevères et de violettes. Un parfum léger monte des corolles délicates, dressées vers la lumière. Dans les branches, là-haut, c’est une rumeur, un gazouillis, d’incessants battements d’ailes. C’est l’époque des nids, et la voix des oiseaux bruit suavement au-dessus d’eux. Charlot cause, rit et chante. La vie intense qu’il sent sourdre près de lui l’affecte sans qu’il puisse l’expliquer. Elle met des rayons dans ses yeux, des notes joyeuses dans sa voix. Hélas ! Ce gai petit luron n’est pourtant, à cet instant, qu’un oisillon sans nid !…

Perrine regarde Charlot et sourit. Assis sur une large roche mousseuse, le petit garçon partage, en deux parts équitables, sa moisson de violettes.

charlot

Tiens, Perrine, voici ton bouquet. L’autre je l’offrirai à notre bon curé.