Aller au contenu

Page:Daveluy - Les aventures de Perrine et de Charlot, 1923.djvu/18

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
18
Les aventures de Perrine et de Charlot

tour d’elle. Elle s’étonne. Où donc se trouve le bon curé ? Ne se promène-t-il pas, suivant son habitude lorsque le soleil descend à l’horizon, un bréviaire à la main ? Un peu de timidité la saisit. Elle n’ose avancer. Ah !…

Perrine recule, retenant Charlot qui veut s’élancer.

L’excellent prêtre approche, mais il n’est pas seul. Un moine marche à ses côtés. Perrine et Charlot ouvrent de grands yeux à sa vue. Il est vêtu d’une robe de bure, chaussé de sandales, et ses cheveux dessinent une couronne autour de sa tête. C’est un pieux récollet, un religieux de l’ordre de Saint-François, l’un de ceux qui vinrent au Canada, dès 1615. Les petits s’intéressent à ce personnage aux vêtements sévères, dont les yeux sont doux et accueillants.

Les causeurs avancent toujours ; Perrine les entend maintenant. Elle met un doigt sur sa bouche en regardant Charlot. Peine bien inutile. Le mioche est déjà loin, fort occupé auprès d’un nid de fauvettes, logé dans la branche très basse d’un pin énorme.

Et voici ce que Perrine, qui n’ose ni fuir ni se faire voir, peut saisir de la conversation des hommes de Dieu :

Le Curé

Alors, mon père, vous n’avez plus d’espoir. La Nouvelle-France vous est fermée. Vos belles missions chez les Hurons, vous ne les reprendrez plus.

le père récollet

Hélas ! Nous en avons reçu l’ordre. Notre père Le Caron est mort de douleur. Le frère Sagard se console en écrivant une « Histoire du Canada, » qui paraîtra cette année même.