Te tairas-tu, sagamo, te tairas-tu ! Comme la vipère tu rampes, puis mords cruellement ceux qui t’entourent.
Mais le coup a porté. Iouantchou se retire dans un coin, se renfrogne, ne regarde plus Charlot. Il pétune avec force. Le capitaine huron, maître du terrain, commande à l’enfant de faire ses préparatifs. « Nul ne restera en arrière, demain, » prononce-t-il, son poing vigoureux sur la table.
Au petit jour, on se met en route. Afin de ne pas causer de nouveaux ennuis à Iouantchou qui, sans un regard vers lui, l’a pourtant déchargé de son lourd paquet, Charlot s’efforce de suivre les autres. Après une demi-heure de marche, le vertige s’empare de lui, le jette tantôt à droite, tantôt à gauche. Enfin, pris de syncope, il s’abat avec un cri, aux pieds du capitaine huron.
Furieux, celui-ci lève son bâton. Mais sans un mot, Iouantchou s’élance. Le reculant du poing, les yeux enflammés, il hisse Charlot évanoui sur son dos, et fait signe à tous de demeurer là. Au pas de course, il retourne à l’auberge, dépose Charlot sur son lit, et, dès que celui-ci ouvre les yeux, lui présente de l’eau d’un air contrit.
Mon jeune frère a du courage, mais peu de forces. C’est comme il l’a dit, hier. Nous l’avons tous reconnu. Qu’il demeure ici, bien en paix. Mais,