Merci, hôtesse, du compliment ! Mais je ne m’offusque jamais de rien, vous le savez ! Eh bien, d’abord, sachez que le petit sauvage triste n’est plus avec ses compagnons.
Non ? Vraiment ?
Il s’est enfui, et…
Mais, qu’avez-vous, Madame ?
Rien, un vertige. Il fait très chaud dans la salle, ce soir. Je vais m’asseoir pour vous écouter plus à l’aise.
C’est vrai qu’il fait lourd, ici. Donc, le jeune Peau-Rouge a pris une nuit le chemin du roi. On ne le revit pas le lendemain, ni le surlendemain. On se mit à sa recherche. On fouilla tous les environs. En vain. Le capitaine huron, son maître, celui qui avait une figure vilaine et sournoise, — vous rappelez-vous ? — paraissait désespéré ; il gémissait, pleurait, hurlait selon les circonstances ou les témoins. Ses compagnons faisaient de même. Il n’y avait que leur chef — il avait l’air plus humain, celui-là pourtant ! — qui gardait son calme et semblait même joyeux de la perte de son compatriote. Drôle d’engeance que ces sauvages ! Des cœurs faits au rebours des nôtres !… Un jour, le capitaine huron fit une absence de quelques heures, vint tout près d’ici,