Cousine, regardez, la serge grise de Fécamp que je donnerai à Julien. Oh !… tout près le pistolet pour M. Olivier. Tiens, le polichinelle que j’offre au petit Jacques Bourdon. Oh ! je vois là…
Tu n’as oublié personne. Je vois cela. Mais écoute, petit, l’heure avance. Nous faisons cet après-midi notre dernière visite au port. Demain, il y aura beaucoup de préparatifs à faire, tu le sais bien. Va mettre tes vêtements de sortie. J’ai déjà les miens, vois ?
J’y vais, j’y vais.
Cousine, cousine, vous pleurez sans cesse, pourquoi ne vous décidez-vous pas à venir avec moi, là-bas ? On vous aimera tant. Vous ne saurez jamais combien. Et moi,
Hélas ! petit, à mon âge, on ne s’acclimate nulle part. Les glaces du Canada font peur à mes soixante ans. J’aurai du chagrin, beaucoup de chagrin de ton départ, mais en songeant à tout ce qui t’arrivera d’heureux là-bas, je me consolerai. Tu m’écriras fidèlement tous les ans. Je ferai de même. Et puis, qui sait, dans treize ans, à ton majorat, tu seras sans doute forcé de revenir en France. Tu ne deviendras pas un héritier indépendant et titré, sans qu’il t’en coûte quelques