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Page:Daveluy - Les aventures de Perrine et de Charlot, 1923.djvu/27

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Les aventures de Perrine et de Charlot

Je suis si heureuse lorsque tu es là. » Un personnage surgit à ce moment de l’ombre. Il vient se placer près de sa mère. À sa grande surprise, Perrine reconnaît le pieux récollet. Mais que dit-il donc, si bas, si bas qu’elle ne peut entendre les mots, et voit seulement remuer les lèvres ? Sa maman hoche la tête d’abord, puis sourit… Oh ! les ombres secourables se dirigent vers le fond de la pièce. « Mère ! » crie Perrine, et ses bras se tendent violemment. À cet appel suprême, la maman se retourne. Intensément, elle regarde la petite fille. Perrine reconnaît les grands yeux tristes !… Puis, par deux fois le bras de la maman se soulève, sa main, dont la blancheur éblouit, désigne un endroit lointain, invisible. « Il faut partir, petite, il faut partir, » semble dire le geste maternel si gracieux. Et le bon récollet, à son tour, incline plusieurs fois la tête, regardant bien au loin, lui aussi.

Perrine s’éveille. Son cœur bat à coups précipités. Assise très droite dans le lit, elle regarde autour d’elle, ses yeux défient l’obscurité, tout ce noir qui la pénètre. « Qu’est-ce que cela veut dire, se demande-t-elle ? Se peut-il que ce ne soit là qu’un rêve ? Oh !… sa mère, sa mère que ne donnerait-elle pas pour la sentir encore près d’elle ! »

Perrine est heureuse. Peu à peu, voilà qu’elle saisit le sens grave du rêve qu’elle a fait. « Oui, sûrement, elle ne doit plus rester ici. Elle doit quitter Offranville, partir au loin. Elle doit aller là-bas, là-bas… » Et le bras de l’enfant esquisse le geste même de sa mère. « Là-bas ! Mais ne serait-ce point dans le lointain Canada, tant aimé des récollets ? Là-bas, l’on doit sourire aux petits enfants sans mère, les choyer, les protéger contre les tantes Claudine impérieuses et cruelles. Là-