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Les aventures de Perrine et de Charlot

l’abbé de Saint-Sauveur : « C’est plus grave que je ne croyais. Demain, j’ai peur que… » Sa mine se renfrogne, sa voix se fait bourrue ! « À moins qu’un miracle ne se produise. Mais ceci vous regarde, n’est-ce pas, M. l’abbé ? Les médicaments dont je me sers ne peuvent les faire naître. » Il s’éloigne, s’adosse au mur, sans quitter la malade des yeux. L’abbé de Saint-Sauveur rejoint Catherine de Cordé et Olivier Le Tardif. Ces derniers ont vite saisi le sens des paroles du médecin. Ils soupirent.

Mais voilà que la malade s’agite. Le regard du médecin s’éclaire aussitôt. Sa main commande. La potion doit être prise sans retard. Avec quel soin Mme de Repentigny la verse dans une coupe. Debout, près d’une table placée au pied du lit, Marie de Repentigny reçoit en ce moment la lumière ardente du couchant. Ses vêtements blancs semblent transparents. Des rayons d’or se posent sur sa chevelure, sur ses mains, sur sa jupe de brocart. L’exquise douceur de sa physionomie se pare d’un charme irréel.

Perrine se dresse brusquement sur ses oreillers. Ses yeux ont une singulière fixité ! Ses mains se tendent dans la direction de Mme de Repentigny.

« Maman ! appelle-t-elle, faiblement mais distinctement, Maman !… Enfin ! »

Un frémissement secoue les assistants. Ah ! que de fois, la petite fille, avec de grands yeux à la fois tristes et ravis, a suivi du regard Mme de Repentigny. Qu’elle lui a dit combien sa ressemblance avec sa mère la touchait, lui rappelait sa douce enfance. Le délire aidant, elle substitue cette fois, une personne à l’autre. Grand Dieu ! que va-t-il résulter de cette illusion !… Le médecin demeure impassible, quoique très attentif.