Page:Daveluy - Les holocaustes, 1935.djvu/192

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

demi-heure plus tard. Elle ne reçut pas de réponse. Elle attendit quelques secondes, frappa de nouveau, puis pénétra. Qu’aperçut-elle ? Charlot agenouillé près du lit et sanglotant avec une violence qui le secouait tout entier. Bébé Pierre dormait près du nouveau-né, qui ne s’était pas réveillé malgré toutes les allées et venues.

Avec un cri de pitié, Perrine courut à son frère. Elle l’obligea à se relever, à s’installer sur le fauteuil ; puis, elle se glissa à ses pieds. Sa voix tendre s’éleva.

— Mon frère, mon frère, comme ta peine retombe sur mon cœur !… C’est l’heure pourtant d’oublier nos propres chagrins. Tu le sais bien, nous devons aider à celle qui va nous quitter… Elle est bien courageuse. Mais ta vue sera une suprême épreuve pour elle… Charlot, tout à l’heure, elle a tout de suite deviné, en voyant ma figure plus animée qu’à l’ordinaire, que quelque chose était survenu… Elle ne sait pas cependant que tu es déjà ici. Elle t’attend… un sourire si triste sur les lèvres… « Je reverrai encore une fois Charlot, merci, mon Dieu ! » a-t-elle murmuré. Je dois l’avertir dès que tu approcheras. En ce moment, je suis censée guetter à la fenêtre ce qui se passe au dehors… Cela ne va pas un peu mieux, Charlot ?… Je te reste, moi, frère. Je t’aime tant aussi…

— Je me sens brisé… Perrine, pourquoi suis-