Page:Daveluy - Les holocaustes, 1935.djvu/77

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sentiment fugitif aussi involontaire que vivement repoussé.

Charlot ne revint auprès de sa femme que vers quatre heures, dans l’après-midi. Il en semblait un peu confus. Mais la jeune femme le reçut avec une joie sans mélange.

— Eh bien, mon ami, on vous a accaparé de la belle façon. Regardez l’heure !

— J’aime mieux vous regarder, Lise. Quelle bonne mine vous avez ! Le repos vous a été salutaire.

— L’obéissance aussi. Vous êtes content ?

— Lise, vous avez reçu mon message à onze heures, puis à deux heures ?

— Tout. Et si vous saviez comme ces attentions, de votre part, me font du bien.

— Mais je l’espère. Vous me devenez de plus en plus chère, Lise. Aussi, votre santé me préoccupe. Je ne veux pas connaître le regret de vous avoir conduite dans un pays qui aurait raison de votre peu de forces.

— Charlot, écoutez-moi bien. Je vous aime avec une telle plénitude que je vous aurais suivi partout. Au pôle nord, dans les glaces, ou dans l’Afrique, en sa zone la plus torride, si tel eût été votre bon plaisir d’y aller vivre. Ma vie, ma santé, mon bonheur, tout est subordonné à votre présence auprès de moi. Ne vous faites aucun reproche. Le Canada me plaît puisqu’il vous plaît ; Montréal sera le coin que je préférerai, puisque j’y aurai le foyer que vous construirez bientôt.