— Nous avons résolu, Rodier, Ouimet, Gauvin et quelques autres, d’assister à la représentation dramatique en vogue, ce soir. Nous aimerions à voir jusqu’où peut aller la gentillesse des Messieurs de l’Armée à notre égard. Leur animosité commence à nous taper sur les nerfs !
— Vous me tentez, mais…
— En tout cas, faites comme bon vous semblera. Si vous vous décidez, vous trouverez un billet à votre nom, au contrôle.
— Merci. Rien de sanglant, Rodolphe, depuis mon départ ?
— Malheureusement non, homme sanguinaire. L’on ne parle dans nos associations que de l’Assemblée de Saint-Charles. On y verra six comtés, paraît-il. M. Papineau ira d’un de ses discours qui nous rendent tous un peu fous, je crois. Il a tellement raison qu’on ne demanderait pas mieux que de se battre avec autre chose qu’avec des arguments.
— Cela va venir, soyez tranquille, calmez-vous.
— Ah ! c’est vous, Olivier, qui me recommandez le calme ? Vous n’avez pas seulement sommeil, mon ami, vous dormez, vous rêvez… Tenez vos yeux se ferment encore… Ah ! ah ! ah ! Au revoir. Dites à Michel de vous réveiller pour huit heures et demie. Ce sera plus sûr.
— À tantôt, Rodolphe.
Le sommeil prit, en effet, si bien Olivier, ce soir-là, que malgré ses tentatives, Michel ne