Page:Daveluy - Les petits Patriotes du Richelieu, paru dans Oiseau Bleu, 1937-1938.djvu/256

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Allez, allez.

Olivier Précourt apparut à la fenêtre chez le Dr Duvert, en compagnie de Josephte et d’un ami de Montréal, juste au moment où Louis-Joseph Papineau, apparaissait à la tribune. Ce fut un instant inoubliable. Quel enthousiasme ! Quel délire ! La foule frémissait, ondulait. Sans arrêt, une longue acclamation sortait de toutes ces poitrines. Des bras se levaient, brandissaient des drapeaux. Il y avait là, remuées, entraînées en un tumulte émouvant qui grandissait, cinq ou six mille personnes, comme on l’avait espéré à l’avance. Puis, tout soudain, un silence encore plus impressionnant prit et garda cette foule houleuse. Papineau parla. Il parla longtemps, sans parvenir à lasser la multitude dont il faisait battre, comme un seul cœur, les innombrables cœurs. Papineau, mais c’était leur idole et leur maître. Il disait avec des mots clairs comme des épées, et sonores comme la voix avertisseuse des cloches, tout ce que l’on pensait et sentait avec puissance pourtant, mais sans pouvoir l’exprimer par le truchement de ces phrases, qui étaient lumière, vérité, justice et droit.

Nelson vint ensuite. Olivier l’écouta durant quelques instants, puis décida de retourner chez lui, par pitié pour la petite Josephte qui s’était endormie, malgré son vif intérêt, au début. L’ami de Montréal, qui se trouvait auprès de lui le suivit dans le corridor dans la maison qu’Olivier traversa avec Josephte, réveillée, un