Page:Daveluy - Les petits Patriotes du Richelieu, paru dans Oiseau Bleu, 1937-1938.djvu/286

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recommander d’être prudent de plus en plus, au cas où ce songe serait un avertissement.

L’aïeule vit tout de suite que le jeune homme ne s’était pas couché la veille et que même, grand Dieu ! il avait dû partir de bien bonne heure. Que signifiait cette fuite imprévue ? Maîtrisant les battements de son cœur malade, la grand’mère s’approcha de la table et aperçut les mots que son petit-fils avait écrits à Sophie et à Josephte. Elle se laissa tomber sur le fauteuil placé près de la table de travail. Elle hésita, la main sur les billets d’Olivier. Pourquoi lire ces quelques lignes qui ne lui apprendraient, au fond, que ce qu’elle pressentait depuis longtemps ?

Soudain le canon au loin retentit. La bonne aïeule poussa alors un gémissement et se renversa, pâle, tremblante, au dossier du fauteuil. La porte s’ouvrit : Sophie et Josephte coururent auprès d’elle. La petite réprimait avec peine ses sanglots, tout en se pressant contre le cœur de la grand’mère qui lui avait tendu les bras en l’apercevant.

— Madame, oh ! pauvre madame, larmoyait Sophie, pourquoi avez-vous pénétré dans cette chambre sans me le dire ? Et ce matin, entre tous les matins ?

— Sophie, dit l’aïeule avec une énergie dont on ne la croyait plus capable, Sophie, ne me cachez plus la vérité. Aussi bien, ce serait une