Page:Daveluy - Les petits Patriotes du Richelieu, paru dans Oiseau Bleu, 1937-1938.djvu/297

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route. Une courroie enserrait son poignet gauche et le liait à l’un des officiers venus pour opérer son arrestation. Il sentait encore autour de son cou la tendre pression des petits bras de Josephte. Comme elle sanglotait sans bruit en l’embrassant de toutes ses forces, l’adorable petite sœur ! Il avait dans l’oreille le murmure des mots que lui soufflait, avec quelle peine, Michel, encore tout endolori ; « M. Olivier, après-demain… nous partirons d’ici… Josephte et moi… Nous irons chez la princesse… Elle aura si bien soin de Josephte… Vous êtes content ?… Comme vous me pressez fort, M. Olivier… Adieu, adieu ! »

Puis, Olivier revoyait son aïeule, ses beaux traits déjà empreints de la douce majesté de la mort… Sophie et Alec la veillaient… et la garderaient ainsi jusqu’au bout, avaient-ils promis, en serrant la main valide du jeune homme. Oh ! miséricorde du Ciel ! Elle n’avait pas vécu cette dernière heure d’humiliation et de misère, la douce vieille tant aimée !

Soudain, tout se brouilla. Olivier sentit qu’il défaillait et que ses compagnons, surpris, le retenaient dans leurs bras.

Ce fut la nuit. Il perdit tout à fait conscience, pour se réveiller, quelques heures plus tard, prisonnier dans une pauvre maison du village de Saint-Charles, qui avait échappé par miracle à l’incendie qui faisait rage encore partout.


Marie-Claire DAVELUY


(Fin de la première partie)