Page:Daveluy - Michel et Josephte dans la tourmente, paru dans Oiseau Bleu, 1938-1939.djvu/115

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Mathilde, à la réception de cette lettre, si froide, quoique correcte, s’était sentie atterrée. Se pouvait-il qu’on lui enlèverait Josephte ? sa petite fille qu’elle aimait de tout son cœur ?… Et la nature si tendre, si sensible de Josephte, qu’elle aurait à souffrir auprès de cette sœur au caractère de glace… Olivier devait avoir raison, hélas, lorsqu’il se plaignait à elle, jadis, de l’égoïsme et de l’insensibilité de sa sœur… Mais elle allait réfléchir, consulter, avant de donner une réponse ! La lettre qu’Olivier lui avait écrite un peu avant la bataille de Saint-Denis, et dans laquelle, il la priait de prendre soin à la fois de Josephte, et des petits capitaux restés intacts et placés en son nom à la banque, pèserait beaucoup dans la balance devant les tribunaux. Il lui serait pénible de faire voir cette relique où tout l’amour d’Olivier pour elle s’exprimait. Cela constituerait presque une profanation à ses yeux. Mais qu’importe ! Elle se sacrifierait pour garder Josephte, pour obéir aux volontés suprêmes de son fiancé.

Durant deux mois, de février à avril, elle lutta contre la volonté de son père ; elle lutta contre un avocat, ami de celui-ci et de la sœur aînée d’Olivier. Mais enfin, elle l’emporta. Et un jour d’avril, une lettre de la jeune mariée, signée également par son mari, lui donnait tous les droits.