Page:Daveluy - Michel et Josephte dans la tourmente, paru dans Oiseau Bleu, 1938-1939.djvu/116

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Quelle force morale possédait Mathilde Perrault ! Elle n’avait parlé à presque personne de ses ennuis et de ses difficultés, encore moins à la petite Josephte. Michel avait été mis au courant, cependant, mais par M. Perrault, qui avait ainsi déchargé sur lui sa mauvaise humeur.

Il était bien changé, bien amaigri, le terrible M. Perrault. Son épaule le faisait souffrir, quoique guérie. Le rhumatisme avait fait son apparition. Il avait souffert aussi d’une crise d’angine qui avait failli l’emporter. Son humeur, de violente, était devenue sombre. Il ne répondait à toutes les attentions, même à celles de sa fille, qu’avec des paroles désagréables, injurieuses même.

Il ne pouvait se passer de Michel. Il se félicitait de l’avoir rééduqué, d’avoir fait de lui un bon serviteur, empressé, ponctuel, silencieux… Mais il se gardait bien de le lui dire. Il demeurait vis-à-vis de lui, exigeant, hautain, impitoyable, même aux petits manquements involontaires. Un soir qu’il avait rudement frappé l’enfant parce que celui-ci, par inadvertance, avait renversé sur lui, un verre d’eau glacée, il le fit appeler un peu avant de s’endormir.

— Viens près du lit, maladroit, j’ai quelque chose à te demander.