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Page:Daveluy - Michel et Josephte dans la tourmente, paru dans Oiseau Bleu, 1938-1939.djvu/221

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Et peu à peu, se disait Olivier, la fortune était venue sourire à ces hommes de courage et de vie âpre. Ils avaient connu plus de confort, un logement orné, des loisirs où toutes les curiosités de l’esprit s’éveillaient et réclamaient. Les fils de la maison devenaient des hommes instruits, en même temps que des caractères virils et des âmes durcies, cependant, au contact des misères endurées, sans un mot de plainte, d’une génération à l’autre. Un pli profond s’était creusé au fond de ces intelligences qui comprenaient la douleur que la vie dispense si largement. L’injustice ne pouvait que trouver irréductibles, terriblement redressés pour la lutte, ces êtres tout de raison, d’endurance et de fierté. Sans doute, la foi chrétienne avait répandu un peu de son baume de douceur autour des cœurs dont la fermeté n’excluait pas la bonté. Mais la tourmente pouvait labourer à des profondeurs inconnues ces hommes tout d’une pièce, qui savaient se mesurer avec tous les obstacles. Un ferment de révolte pouvait leur monter à la tête et les troubler, tout comme le vin de leur vigne… La voix de Michel tira le jeune homme du monologue intérieur qui le torturait…

M. Olivier, demandait timidement l’enfant en pressant le bras du jeune homme, tournez-vous vers moi. Ne regardez plus au dehors. Vos joues sont rouges, vos mains brûlent… Oh ! vous souffrez, n’est-ce pas ?