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Page:Daveluy - Michel et Josephte dans la tourmente, paru dans Oiseau Bleu, 1938-1939.djvu/244

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— Heureuse enfant, même dans la douleur sans nom, qui me broie… Je vous en prie, mon père, bénissez-moi…

Et la jeune fille, avec un court sanglot, s’agenouilla devant le prêtre, qui, lui aussi, leva vers le ciel, avant de prononcer des paroles de bénédiction, des yeux voilés de larmes, où se lisait la sympathie la plus tendre et la plus profonde.

Longtemps, le curé, demeura à la fenêtre, une fois sa visiteuse partie. Sa tête si bien équilibrée, si claire, luttait contre son cœur que l’émotion bouleversait.

« À la grâce de Dieu, dit-il enfin. J’ai fait mon devoir. J’ai avertie cette enfant affolée… Mais j’admire quand même son courage… Voilà encore une de nos Canadiennes à la grande âme énergique… En ai-je vu de ces femmes de chez nous, silencieuses, volontaires, aimantes et sachant demeurer debout au pied du plus terrible calvaire… La rébellion des deux années dernières a révélé tout ce que leur tendresse, aussi impuissante qu’immense, contenait de sublime endurance… Mon Dieu ! pitié devant toutes ces larmes, et grâce pour la vaillance de cette petite fiancée stoïque !… Inspirez-la !… Veni Sancte Spiritus »