Page:Daveluy - Michel et Josephte dans la tourmente, paru dans Oiseau Bleu, 1938-1939.djvu/270

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— Chéri, si vous n’avez aucune pitié pour vous, ayez-en pour moi… Je vous aime, Olivier, comme je ne vous ai jamais aimé peut-être… Je me sens appelée à je ne sais quelle grâce suprême, à quelle faveur royale : celle de vous soigner à toute heure du jour… et de la nuit !

— Mon Dieu !… Mathilde, que dites-vous ? Je vous en conjure encore, éloignez-vous, je ne puis tolérer que vous parliez ainsi… Et vous me faites du mal, ne le sentez-vous pas ? C’est un fer rouge sur une plaie… qui saigne, qui brûle… depuis tant de mois… Je n’ai plus de force Mathilde… voyez, voyez… Allez-vous en, partez ! partez !

Et Olivier, dans un suprême effort, se mit sur son séant, puis se leva. Il repoussa doucement la jeune fille, et fit quelque pas vers la porte. Il aperçut tout à coup par terre le portrait de sa fiancée. Il se pencha pour le saisir. Mathilde, vivement, s’en empara avant lui…

— Cet objet est à moi, cria exaspéré le pauvre malade. Donnez-le-moi, Mathilde.

— Pourquoi ? Vous rejetez avec tant d’indifférence l’original qui s’offre à vous, vous ne pouvez vraiment désirer ma pauvre image.