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une révolte au pays des fées

y tenir. Justement on en était à la scène émouvante où la fée Carabosse et la Sorcière d’Haberville endorment le poupon ducal en présence de la princesse Aube à demi morte de frayeur. Tout cela, comme ton, couleur, atmosphère de détresse, vérité d’attitude des victimes et des bourreaux, était d’une perfection de jeu si étonnante que la salle entière éclata en un tonnerre de bravos. Les applaudissements devinrent même si frénétiques et se prolongèrent à un tel point que Polichinelle dut baisser le rideau. C’est que l’on était toujours fort reconnaissant à ce petit bossu qui mettait tous et chacun au courant d’événements inconnus. Le sort des prisonniers, mais c’était un fait d’une importance capitale, puisque les forces auraient pu ainsi s’équilibrer entre eux et leurs ennemis tout puissants. Oui, l’on avait maladroitement usé de moyens de salut précieux, il n’y avait pas à dire. Ah ! si l’assemblée avait pu se douter, un seul moment, du double jeu que se permettait le roué et spirituel Polichinelle ! Si l’on avait pu deviner surtout que son cœur avait vibré pour la première fois de bien étrange façon, presque honnêtement, devant la douce princesse Aube. Lui-même pouvait à peine y croire et se blaguait férocement au fond.

Mais les applaudissements ne cessaient pas. Au contraire. Qu’allait faire Polichinelle devant cet enthousiasme un peu idiot ! « Bah ! pensa-t-il, il vaut évidemment mieux que le deuxième acte de ma pièce ne se joue jamais. Ma trahison y est trop claire. Puis, il me faut brûler les étapes si je veux sauver la princesse. Les éléments, au dehors, se déchaînent de façon de plus en plus inquiétante. Il est même étonnant que nous ne soyons pas encore foudroyés.