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une tragique représentation

Nos ennemis, évidemment, retardent le moment fatal à cause de la présence de la Fée Bienveillante. Oh ! là, ne perdons pas même la fraction d’une seconde. Sauvons ma ravissante princesse et son fils, ainsi que les jeunes terriens, et advienne que pourra de ma ridicule carcasse ! »

Polichinelle se secoua. Jugeant d’un coup d’œil que l’assemblée demeurerait bruyante quelques minutes encore, il se tourna avec décision vers le duc de Clairevaillance. Il lui décocha en plein cœur… dans le fouillis de ses dentelles, une flèche sans pointe. Celui-ci bondit, puis s’approcha lentement du centre de la salle. L’heure était venue. Il ne quittait pas Polichinelle des yeux. Des lutins, aussitôt, se précipitèrent et voulurent s’opposer à ce mouvement du duc. En riant, Polichinelle les prévint du geste. Comme par miracle, le silence se fit partout.

« Allons, allons, lutins mes amis, pas de gestes dramatiques, chantonna gaiement Polichinelle en donnant un croc-en-jambe au plus rapproché des petits êtres. Le duc est notre hôte tout autant que notre prisonnier. Quel mal peut-il bien faire en se mettant au premier rang ?… Et puis, ne venez pas nuire à mon inspiration… Le deuxième acte demande un peu de lyrisme, vous savez, » acheva Polichinelle en arrondissant drôlement la bouche.

— Ah ! ah ! ah ! s’esclaffa la foule, voilà le bossu d’Italie qui se mue en poète… Rimailleur ! Rimailleur !

— Comme on voudra, répliqua Polichinelle. Je suis bon enfant, à mes heures. Mais qui niera que je ne sois en ce moment dans une veine heureuse de création. Qui ?