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l’assemblée des fées rageuse et envie

Les débats s’engagèrent. Chacun des assistants fut invité à se prononcer sur la conduite à tenir durant les hostilités. Des suggestions excellentes furent faites par les Sorciers et les Sorcières de l’Île d’Orléans, appuyées par la voix de la Sorcière d’Haberville, et aussi par la fée Envie. Les connaissances topographiques de tous ces derniers, habitants éternels du Canada, rendaient précieux leurs moindres renseignements. Le Magicien africain fit beaucoup rire Messieurs les Sorciers et Mesdames les Sorcières de l’Île d’Orléans lorsqu’il parla d’une excursion en canots d’écorce durant janvier, sur le fleuve Saint-Laurent.

La fée Rageuse gardait le silence. De temps à autre un sourd grognement sortait de sa bouche. Elle attendait son heure. Enfin, la fée Envie, verte, méfiante, exaspérée se tourna vers elle.

« Qu’attendez-vous donc, Madame, pour exposer vos plans géniaux ? Votre rage, d’ordinaire, a moins de dédain. Aurions-nous baissé, à vos yeux, comme intelligence ou comme malice ? Mesdames et Messieurs, qu’en dites-vous, le mutisme de Madame Rageuse, n’est-il pas blessant pour nous ?

— Oui, oui, Envie, crièrent en chœur les auditeurs. Parle, Rageuse, parle ! »

La fée Rageuse se souleva. Deux lutins, dont l’œil unique au milieu du front brillait de moquerie, l’aidèrent à sortir des profondeurs de son fauteuil. Les dragons gémissaient sous ce poids vacillant.

— Camarades, vous tous ici présents, rugit enfin Rageuse, la face rouge comme une braise, sachez bien que… je… je… » Elle se mit à haleter, à s’éponger. Elle étouf-