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une révolte au pays des fées

avec obstination de monter sur l’estrade, se fiant, pour toutes les décisions, à l’intelligence de ses bonnes amies, Rageuse et Envie. « J’approuve tout à l’avance, camarades. Ah ! si vous connaissiez le beau plan de campagne de Rageuse, avait-elle ajouté de sa voix chevrotante, devant l’assemblée, soudain silencieuse.

« Chut ! cria la voix rauque de la fée Rageuse. Pas d’indiscrétions à l’avance, Madame Carabosse ! »

— Ah ! ah ! ah ! ma vieille amie, pour une fois voulez vous faire de la modestie ? »

La fée Carabosse put donc, à son aise, s’installer sur un siège obscur, près d’une ouverture donnant sur le souterrain. Elle s’y rendit, non sans avoir échangé un coup d’œil malicieux avec la Sorcière d’Haberville. Elle gagnait son point. Elle pouvait aller dormir, hors de la salle, tout aussi paisiblement que sa royale victime, la Belle au bois dormant. Vraiment, elle ne parvenait pas à trouver celle-ci très malheureuse. « Oh ! dormir, dormir,… chantonnait-elle, dans son angle rempli d’ombre, cette seule façon que nous ayons, nous les fées, de connaître quelque chose de la mort, ce privilège des humains, las, sans doute, comme nous, des visions d’un monde ne sachant presque plus se renouveler ». Eh ! la pauvre Carabosse, à l’aide de ses maléfices, avait fini par connaître quelque chose de toutes les sciences et de tous les arts de la terre. Elle n’en avait gardé dans son esprit pervers et dans son cœur desséché, qu’un amer souvenir. Tant il est vrai que seules les âmes, où habitent la bonté, l’amour, la générosité, peuvent connaître un peu de paix et de douce résignation envers la vie cruelle.