Page:Daveluy - Une Révolte au pays des fées, 1936.djvu/50

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
50
une révolte au pays des fées

Et cela je le pourrai, n’est-ce pas ?

— Oui, Altesse, mais je crains de vous offenser de nouveau en répondant franchement à tout ce que vous me demanderez.

— Je serai juge. Ne vous troublez pas.

— Oui, Altesse, seulement…

— Assez, je vous prie.

— Bien, Altesse.

— Alors, seigneur Gnome, comme vous m’assurez de cette joie : voir, entendre mon époux, qu’exigez-vous en retour ? Qu’exigez-vous aussi de mes petits amis qui m’accompagneront, même Petite Poucette, qui le fera par affection pour ma personne, sinon par goût.

— Voici. Votre Altesse consentira-t-elle, dit le gnome, ainsi que ses compagnons, à revêtir des mantes de soie noire que je vais fournir à l’instant ; puis à s’endormir, ce soir, sur les civières que j’apporterai, en temps voulu, et enfin, à… se bander complètement les yeux ?

— Comment ? Je me banderais les yeux, moi ! dit Aube. Messire Gnome, ne savez-vous pas que l’on fusille les rois, les reines, les princes, les princesses sans les obliger à cette lâche précaution ? Alors, pour une simple promenade, comment voulez-vous que je consente à cette chose avilissante ? S’il faut fermer les yeux, vous le direz. Je le ferai. C’est tout.

— Pardon, Altesse, mille pardons, mais cette condition est in-dis-pen-sa-ble. Puis-je vous faire remarquer que le noble duc s’y conforme chaque fois qu’il vient chez nous ?