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LE CONVOI DE MINUIT

— Je ne dédaigne rien, ni personne, surtout ce qui vient de la faiblesse même… Enfant, vous me faites bien pitié ! Mon âme de chevalier tressaille.

— Alors, dit Petite Poucette, rayonnante de joie, alors monseigneur Don Quichotte, vous vous rangez à mon avis ? Vous ferez avec votre bonté ordinaire tout ce que je souhaite ?

— Non, ma petite, non. Un chevalier sans peur comme moi, et dont la vie est consacrée aux infortunés sans défense, n’a besoin ni de conseils, ni d’aide. Il entend la voix de son cœur, jointe à celle de sa conscience. Il obéit à sa vaillance. Il court, il vole au secours de l’innocent persécuté, du malheureux surpris sans arme, sans protection. Voilà… Et maintenant, vite, partons !

— Messire, messire, de grâce !

— Silence, princesse Poucette. Ou je vous laisse ici, dans la pire inquiétude qui soit. »

Ce disant, Don Quichotte marcha au pas de course jusqu’à l’endroit mousseux, où ronflait comme un bienheureux, Sancho Pança, son écuyer. Celui-ci se vit secouer fortement et sans relâche.

— Veux-tu bien sortir de ta torpeur, malheureux ? De pauvres êtres entourés d’assassins nous invoquent dans leur détresse. Je les entends… Ce sont des assassins, des assassins, misérables !

— Hein ! mon pauvre maître, on vous assassine, cria enfin le gros, gras et rose Sancho, en se frottant les yeux… J’y vais, Oh ! les canailles !