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Orient par la voie du cap de Bonne-Espérance. Mais les armateurs de Marseille, qui empruntaient la voie de la Méditerranée, devaient recourir au coûteux procédé des caravanes assurant la correspondance entre le Caire et Suez. Un auteur anonyme écrivait à Richelieu que la seule solution se trouverait dans le percement d’un canal de Suez au Caire, comme il en existait sous les « anciens rois d’Égypte et peut-être du temps de Salomon ». De cette façon, notait-il : « Les Turcs enrichiront leur pays ; Venise renaîtra ; Marseille deviendra puissante ; l’antique commerce de l’Abyssinie reverra le jour. Les Espagnols se trouveront affaiblis dans la Méditerranée et tous les autres princes, raffermis ». Les difficultés politiques étaient alors insurmontables.

Le philosophe allemand Leibnitz proposa à Louis XIV d’y mettre fin en s’emparant de l’Égypte. Colbert rétorqua froidement qu’on n’était plus au temps de saint Louis le Croisé et que la vogue des guerres saintes était finie. Néanmoins, il se forma une Compagnie du Levant qui, grâce au monopole du transport et au droit de navigation dans la Mer Rouge pour les navires chrétiens, réussit à abaisser notablement les frais.

Jacques Savary, dans son ouvrage intitulé Le Parfait Négociant, insista sur la nécessité du canal, du point de vue commercial. Le commerce avec les Indes prenait une ampleur extraordinaire et la rivalité de la France et de l’Angleterre, chacune utilisant une route différente, devenait intense.

C’est cette rivalité, justement, qui confirma l’Angleterre dans sa résolution de s’assurer la maîtrise des mers. La France perdit son empire aux Indes,