Page:Daviault - Histoires, légendes, destins, 1945.djvu/173

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

le grand-duc Serge, n’avait pas daigné faire combler ces trous ou fossés. De simples planches jetées au-dessus devaient suffire.

Au matin du 16 mai, un demi-million de personnes se pressaient dans le champ Khodinski : à l’extrémité, s’élevaient des pyramides de timbales en étain aux armes impériales, qui devaient être distribuées à tout venant.

Tout à coup, sans qu’on sût pourquoi, la foule se précipita d’un commun mouvement vers les timbales. La police débordée ne put indiquer les endroits dangereux. En quelques instants les fossés et les tranchées étaient remplis de corps hurlants sur lesquels venaient s’entasser d’autres corps, que d’autres encore piétinaient. Quand on parvint à rétablir l’ordre, on constata que cinq mille personnes avaient perdu la vie dans l’accident !

Le tsar fit annoncer que la famille de chaque victime recevrait mille roubles sur sa cassette privée. Mais il ne voulut pas écouter les jeunes grands-ducs qui lui demandaient de décommander toutes les fêtes et de destituer son oncle, le grand-duc Serge. Il se rendit dans l’après-midi au champ de manœuvre où l’orchestre exécuta la cantate comme si rien n’était arrivé et, le soir, il ouvrit le bal avec la tsarine, au palais. Au moment où il commençait à danser, les jeunes grands-ducs quittèrent la salle ostensiblement.

Quand la nouvelle de l’accident se répandit dans l’immense empire, popes et paysans murmurèrent : Le tsar de malheur !

La mère de Nicholas avait voulu le marier à une princesse d’Orléans, fille du prétendant au trône de France. Avec obstination, le tsarevitch répétait : Je