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n’épouserai qu’Alix de Hesse. Cette Alix, bien que petite-fille de Victoria d’Angleterre et nièce du kaiser Guillaume, était de petite maison par son père. À la cour russe où elle avait paru, les courtisans, constatant l’hostilité de la tsarine, lui avaient fait mauvaise figure et ils l’appelaient en riant : la mouche hessoise. Elle en conçut une méfiance farouche de la cour. Nicholas avait enfin obtenu le consentement de son père et il avait vu Alix dans une petite cour allemande à l’occasion du mariage d’une autre petite-fille de la reine Victoria. Mais, timide, il n’osait faire la « grande demande ». Guillaume d’Allemagne, plus hardi, avait réglé la question. Faisant venir Nicholas dans sa chambre un beau matin, il lui mit un casque sur la tête, des fleurs dans les bras et lui dit : « Maintenant, en avant ! Nous allons demander la main d’Alix ».

Devenue tsarine, sous le nom d’Alexandre Feodorowna, Alix se fit fervente orthodoxe et elle tomba dans un mysticisme exalté. Plus têtue encore que son mari, elle considérait celui-ci véritablement comme l’incarnation de Dieu sur la terre. L’empire russe était une autocratie, mais non pas une despotie. Le tsar faisait les lois qu’il voulait, mais, tant que les lois n’étaient pas abrogées, il devait s’y soumettre autant que ses sujets. La tsarine ne le comprenait pas : pour elle, rien ne devait limiter la puissance du tsar.

Elle n’admettait même pas que les autres membres de la famille royale ou des ministres pussent dire un mot sur les affaires de l’État. C’est pourquoi le couple impérial se terra dans le château de Tsarkoie-Sélo où même les parents les plus rapprochés étaient rarement admis.