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Napoléon, qui était corse, refusa de céder. Quelques courageux s’entremirent, mais s’attirèrent cette réplique de l’empereur : « Depuis quand l’Institut se permet-il de devenir une assemblée politique ? Qu’il fasse des vers, qu’il censure la faute de langue ; mais qu’il ne sorte pas du domaine des Muses, ou je saurai l’y faire rentrer ! » Tant et si bien que Chateaubriand n’acquit le droit de siéger à l’Académie que lorsque Napoléon partit pour l’exil.

L’abbé de Voisenon n’avait pas de titres bien sûrs à la gloire académique. Aussi, dès son élection, fit-on ce distique sur son compte :

Voici donc élu Voisenon.
Faut-il que l’on pavoise ? Non.

Quand le poète Campenon, bien vu de l’empereur, fit acte de candidat, on écrivit :

Au fauteuil de Lelisle aspire Campenon.

Son talent suffit-il pour qu’on l’y campe ? Non.

Sait-on d’où vient la locution : « Il y aura du bruit dans Landerneau » ? C’est un valet comique qui répétait cette phrase, dans la pièce les Héritiers, créée en 1796, et dont l’auteur était Alexandre-Vinent Pineux Duval, écrivain breton élu à l’Académie vers ce temps-là.

Duval, directeur de l’Odéon, était membre du déjeuner « à la Fourchette », noble société gastronomique qui fournit plusieurs autres académiciens. Andrieux, Arnault, Daru, Picard, Parseval-Grandmaison, Lacretelle jeune, Étienne et Chateaubriand faisaient partie de ce groupe, dont les associés avaient juré, fourchette à la main, de s’entr’aider.

Il y eut tout de même du bruit quand un autre