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d’hygiène (composé d’Anglais) fut outré et, dès ce moment, se déclara la rivalité de missionnaires concurrents.

Le nom de Damien, en effet, commençait à missionnaire, il en exprima sèchement son mécontentement. Mais cette gloire devait lui valoir le triomphe de la cause qu’il plaidait vainement auprès du Bureau d’hygiène. L’opinion publique ameutée forçait ces messieurs, sortis d’Oxford ou Cambridge, à se préoccuper des lépreux.

En se rasant, un matin, Damien se renversa sur le pied un bol d’eau bouillante. Il n’en ressentit aucune douleur. Il connut par là qu’il était atteint de la lèpre : l’insensibilité est le premier symptôme de l’effroyable maladie. On ne le sut qu’à l’arrivée du médecin qu’on se décidait enfin à envoyer à Molokai. Damien ayant refusé de lui serrer la main à son arrivée, il expliqua ensuite au médecin étonné qu’il était lépreux. La maladie avait déjà fait des ravages. Le médecin le força à se rendre à l’hôpital que tenaient depuis peu de temps des religieuses à Honolulu (religieuses venues des États-Unis, attirées uniquement par le renom du père Damien). Mais il n’y put rester. Songeant à tout ce qu’il restait à faire à Molokai, il obtint d’y rentrer au bout de quinze jours.

Bientôt, il fut tout défiguré et il sut que la fin approchait. Alors, son caractère, qui avait toujours été prompt, s’adoucit. Il souriait à tous et toujours. Il se lança dans une activité frénétique, voulant mettre son œuvre au point avant de s’en aller pour le grand voyage.

Des aides volontaires lui vinrent de divers quartiers et, parmi eux, un aventurier extraordinaire,