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Joseph Dutton, qui avait été officier dans l’armée nordiste aux États-Unis, puis trappiste et grand voyageur. Dutton était venu, comme les autres, attiré par le retentissement de l’œuvre accomplie par Damien. Il devait passer toute sa vie à Molokai, comme son maître. Des religieuses vinrent aussi, des prêtres. Enfin, les lépreux ne resteraient plus dans le dénuement où les avait trouvés Damien de Veuster.

De toutes parts arrivait de l’aide. Un pasteur protestant, le révérend Chapman, lui envoya mille livres pour ses œuvres.

La mort vint en 1889. Le prince de Galles (plus tard Edouard VII) prononça un éloge magnifique du défunt devant une réunion où se voyaient, entre autres, le cardinal Manning, l’archevêque anglican de Canterbury, le banquier juif Rothschild, le duc de Westminster, sir James Paget, Edward Clifford, artiste américain qui avait passé des semaines à Molokai avec Damien. La réunion décida d’ériger un monument sur l’île des lépreux, de créer un Institut Damien pour l’étude de la lèpre et de lancer une vaste enquête sur l’état des lépreux dans tout l’Empire britannique. Le paysan de Tremeloo déclenchait un vaste mouvement, qu’il n’avait pas rêvé. Son œuvre se continuait.

Elle se continuait d’abord par les soins de sa famille. Il était à peine mort que son frère Pamphile, religieux de Picpus aussi, obtenait d’aller le remplacer à Molokai…

C’est alors que se produisit l’infamie qu’on ne saurait qualifier.

Un révérend Hyde, d’Honolulu, quatre ans avant la mort du père Damien, s’était rendu à