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Molokai. Il avait publié dans la Hawaian Gazette un compte rendu enthousiaste de son voyage. Le père Damien était, pour lui, « ce noble et généreux prêtre catholique qui s’est rendu à Molokai en 1873 pour réconforter les lépreux et dont la besogne a eu un tel succès ». Mais, dès la mort du père Damien, il écrivait à un pasteur de Londres une lettre où il déblatérait sur le compte du père Damien, « homme sale, grossier, têtu et rempli de préjugés. Il n’a pas été envoyé à Molokai, ajoutait-il, mais y est allé sans ordre de personne… Il n’a aucunement contribué aux réformes et aux améliorations, lesquelles ont été l’œuvre de notre Bureau d’hygiène. Il n’était pas pur dans ses relations avec les femmes et la lèpre dont il est mort vint de ses vices et de son manque de soins. D’autres ont beaucoup fait pour les lépreux, nos ministres, les médecins de l’État, d’autres encore, mais sans l’idée catholique de mériter la vie éternelle ».

C’était une suite de calomnies infâmes. La lettre fut publiée dans un journal missionnaire. On ne sut jamais pourquoi Hyde avait si bien changé d’avis. Poussé au pied du mur, il ne sut apporter une seule preuve à l’appui de ses dires. Il se borna à mentionner que Damien était fils de paysan, ce qui, disait-il, était la preuve qu’il avait dit vrai. C’était monstrueux, insensé ; un coup monté d’une aberration inouïe.

R. L. Stevenson, se trouvant dans les parages d’Hawaï, recueillit des témoignages, se rendit à Molokai et il répondit à Hyde avec retentissement, « dans l’intérêt de l’humanité entière et de la décence publique dans le monde entier ». Il rappelait de dures vérités. Votre lettre, disait-il en