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Louisiane et y avait fondé une colonie, avait vu (ce diable d’homme prévoyait tout) la possibilité d’étendre la prise de possession vers l’ouest et de rejoindre les mines d’argent du Mexique. Il envisageait même de s’emparer de ce pays où les Espagnols n’étaient pas fortement établis et y étaient en butte à l’hostilité des Indiens qu’ils traitaient durement. Renseigné par ses espions (il avait un Intelligence Service merveilleux), d’Iberville avait présenté à son ministre un rapport circonstancié où il faisait l’inventaire des établissements espagnols et il concluait en se faisant fort de prendre le pays. Auparavant, il voulut déloger les Anglais du littoral de l’Atlantique et c’est en cours de réalisation de ce projet qu’il mourut du mal de Siam en rade de la Havane.

Une dizaine d’années plus tard, son oncle Juchereau de Saint-Denis, partait de la Louisiane pour une expédition vers le Mexique. Officiellement, il allait y trafiquer, mais on doit penser que son but véritable était tout autre. D’abord, n’était-il pas envoyé par le propre gouverneur de la Louisiane, Lamothe-Cadillac, qui avait eu sûrement connaissance du projet de M. d’Iberville et qui devait songer à le relever ? Juchereau lui-même était bien au courant, puisque, à la demande de son neveu, il avait fait des incursions vers l’ouest. Lamothe-Cadillac engageait 10,000 livres dans l’entreprise. Ce n’était pas pour des prunes. Ensuite, la façon, restée inexplicable autrement, dont les Espagnols emprisonnèrent Juchereau, fait penser qu’ils ne le voyaient pas venir en commerçant. D’ailleurs, Pénicaut, dans sa relation, avoue quelque part que le commerce était un prétexte, et puis